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Dossier : L'enfant roi
La contribution parentale et l'enfant roi



Une mère qui me consulte actuellement avoue sans ambages que sa fille de 5 ans la contrôle de façon absolue et que la colère émerge chez elle à la moindre frustration. Cette enfant a même été jusqu'à signifier à sa mère qu'elle allait la tuer lorsqu'elle sera grande. Cette enfant prend encore ses liquides avec le biberon lorsqu’elle est à la maison, reprend sa sucette dès son arrivée de l’école jusqu’au coucher, entraînant une déformation en cours du palais qui porte atteinte à son élocution, et couche tous les soirs entre ses parents dont la relation est éminemment détériorée. Il est clair dans cette situation que l’enfant fournit un réservoir d’affection à la mère qui tient d’ailleurs le père à distance, comme si l’enfant était sa propre possession; l’analyse du passé de madame indique effectivement qu’elle gave son enfant de toute l’affection dont elle a été privée et dont elle aurait elle-même aimée être l’objet. Incapable de lui déplaire afin de s’assurer d’être aimée par sa fille et assurant une parfaite inversion de la relation parent - enfant, elle favorise clairement le profil d’une enfant roi.

Le parent qui agit donc de façon à offrir à l’enfant ce dont il a été privé, tout en évitant de lui transmettre les souffrances vécues lors de son propre développement, est donc un autre facteur contributif au développement de l’enfant roi et la prévalence de cette action de compensation demeure extrêmement importante. L’analyse du passé de ce parent indique d'ailleurs et la plupart du temps un genre de promesse faite à soi-même, soit celle de ne jamais reproduire auprès de leur enfant ce qu’ils ont vécu, non seulement par peur de le conduire dans le même sentier de souffrance mais également par la peur parfois morbide de toute ressemblance au parent colérique ou violent dont ils ont souffert les actions destructrices sur leur personne.

Ce second volet de la problématique de compensation s'explique par une relation toxique entre la culpabilité et la gestion de l'agressivité. Plus précisément, il faut comprendre ici que toute fermeté parfois requise par une situation devient immédiatement associée à la culpabilité d'une action violente qui heurte l'enfant; ce parent, devenu incapable d'affirmation de soi ou de toute revendication de changement de comportement, préfère alors ¨passer l'éponge¨ dans le but d'éviter toute émergence potentielle de culpabilité au cas où son action risque de heurter l'enfant. Les décisions éducatives qui sont retenues ne sont donc jamais motivées par ce que réclame la situation mais bien plutôt par le souci de se protéger contre la culpabilité. Les parents, victimes et conscients de leur vécu difficile et répressif, doivent donc porter une attention des plus vigilantes à cette réaction fréquente mais bien naturelle de compensation de leurs propres carences.

Un dernier facteur réside finalement dans le temps que doivent consacrer les parents au travail. Occupés à outrance à ¨joindre les deux bouts¨ ou investis à fond dans leur plan de carrière, objectif louable et légitime, ils deviennent acculés à satisfaire la totalité des besoins de l’enfant qui, dans ce laxisme, ne peut parvenir à la distinction entre ces derniers et les caprices. Compensant également de la sorte leur absence et achetant par le fait même la paix, ils remettent leur pouvoir éducatif entre les mains de leur progéniture. Une telle situation devient encore plus marquée lors de l’entrée à l’école de l’enfant. Ce dernier quitte la classe pour la garderie où les parents le cueillent tard en fin de journée ou tôt en début de soirée, pour ensuite passer vitement au repas et tout aussi rapidement aux travaux scolaires, pour terminer à la même vitesse avec le bain avant le coucher. Pour l’éducation, faudra repasser…, peut-être en fin de semaine après les courses, le nettoyage de la maison, les activités sportives des enfants et la préparation de la prochaine semaine.

Gilbert Richer Psychologue
Avril 2004



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