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Les deux rôles dans la compétence parentale

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L’éducation et le contexte de développement.

     Comme j’ai l’habitude de le souligner en conférence, si l’on nous a appris à manger, à marcher, à lacer nos souliers, à compter, à bien tenir notre crayon pour écrire correctement, à connaître l’histoire et la géographie, en aucun temps ne nous a-t-on préparés à l’essentiel, c’est-à-dire à entrer en relation de nature intime et accompagner un enfant dans le développement éventuel de son identité. Pourtant, ce sont là les réalités les plus cruciales à partir desquelles se dessine notre plus grande sensation d'accomplissement à l'automne de notre vie. Nous avons été formés à devenir une main d’œuvre compétente mais en aucun temps un parent compétent.

Si certains parents refusent l'engagement dans l'intimité en écartant d'un revers de la main cet appel à la maturité et à la responsabilité, comme il en est fréquemment le cas chez ceux qui sont aux prises avec une problématique d'alcoolisme et de toxicomanie, d'autres souffrent du manque de connaissances qui pourraient leur permettre une action éducative qui les tient à coeur. Et comme si ce n'était pas suffisant, les enfants continuent de subir toute une pléthore d’influences extérieures tout aussi nocives que débiles, résultat du laxisme de nos organisations sociales. Il n'est donc pas surprenant que les parents ne se reconnaissent plus en leurs enfants et que la courroie de transmission des valeurs et de l'expérience soit rompue.

     Arrêtons-nous un moment pour saisir pleinement le sens de l'éducation en réalisant quelques observations élémentaires du développement. Soulignons tout d'abord que le mot éducation tire ses racines du verbe latin ¨Educare¨, qui signifie ¨faire sortie de…¨, ¨tirer de…¨. On peut donc soutenir qu'éduquer un enfant signifie qu’il faille le placer dans un contexte de développement lui permettant de découvrir qui il est en puissance. On ne devient donc et jamais quelqu’un : on ne peut que découvrir son potentiel d'être par le truchement du développement éventuellement conscient de ses propres capacités, ses habiletés, son potentiel. Pour rappeler cette phrase du philosophe Alain : ¨L’enfant n’est pas un vase qu’on remplit mais un feu qu’on allume. ¨

     Nous observons une évolution de l'être humain de l'enfance à la maturité par le passage de la dépendance à l'autonomie tant physique qu'intellectuelle et affective. S'exprimant librement depuis la naissance, culturellement vide mais rempli d'instincts primaires et dirigé par l'hégémonie du principe de plaisir, l'enfant accède graduellement au langage puis à la pensée syncrétique (pensée sans concept) et finalement au raisonnement logique proprement dit vers l'âge de 7 ans. Parallèlement à cette évolution vers l'autonomie et la maturité, il devient contraint au développement du principe de réalité, c'est-à-dire l'assimilation de certaines règles culturelles et morales imposées par les parents. Découvrant graduellement le monde extérieur qui l'entoure et qu'il pénètre ultérieurement seul, il fait l'apprentissage de la scolarisation pour déplacer ainsi et lentement les charges affectives de ses parents sur d'autres figures adultes, c'est-à-dire qu'il commence à accorder de l'importance à d'autres figures d'autorité que celles de ses parents. Ces débuts de la scolarisation induisent chez lui le désir de l'accomplissement ainsi que les débuts de la socialisation, du partage, de la collaboration et du principe du travail.

     Nous observons ensuite que c'est vers la fin de la puberté qu'émergent les balbutiements de la conscience proprement dite, ainsi que la sexualité génitale (capable de reproduction) et que s'amorce la lente séparation avec les parents pour conduire le jeune à un fonctionnement désormais nourri par l'accession à l'observation de soi et un jugement de plus en plus autonome porté sur sa propre conduite. Le succès et la vitesse de la résolution des stades de développement antérieurs, de même que celui du passage à cette première étape de la vie adulte sont bien sûr fonctions de la qualité de l'éducation et de l'amour dont il aura été l'objet de la part de ses parents, nonobstant l'importance des ressources personnelles et la contribution nocive de certains traumatismes qui auront pu affecter cette orientation du développement. L’amour l'aura convaincu de la qualité de sa personne alors que la carence aura plutôt contribué à semer le doute de soi, ce cancer affectif sur lequel s'érigeront par la suite la culpabilité, le sentiment d'infériorité et la peur d'être soi.
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