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Dossier : L'enfant roi
Éléments d’interventions

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Les professionnels intervenant auprès d’enfants aux difficultés de comportements doivent donc au préalable prévoir une analyse des facteurs étiologiques, afin de préciser à qui l’on s’adresse : a-t-on affaire à des difficultés inhérentes au développement d’un enfant roi ou à celles d’un enfant victime de répression? La réponse permettra l’identification du contenu et de la structure d’intervention : l’épanouissement par la récupération de la liberté et du pouvoir d’être chez ce dernier ou le dosage approprié de la répression que devra tout d’abord subir le premier, condition incontournable pour son passage de l'impulsivité à l'autoprotection et dont l'importance a été démontrée dans le premier article portant sur ce dossier(¨La fixation du développement¨).

Si toute intervention auprès d’un enfant aux prises avec des problèmes de comportement peut nécessiter sans aucun doute une forme minimale de répression, comme l’arrêt d’agir par exemple ou l'octroi de conséquences découlant de la déviance de sa conduite, la structure psychologique de l’enfant roi nécessite une plus grande fermeté, n’en déplaise malheureusement aux tenants du ¨dialogue permanent¨ avec l’enfant, dont je fais partie. Si un tel dialogue a bien sûr l’effet principal de l’émergence chez l’enfant de la sensation d’être l’objet d’un respect absolu de la part de l’adulte, il n’a par contre aucun effet sur l’enfant roi et la raison en est fort simple : cet enfant possède une conscience de soi déficiente et son égocentrisme ne lui permet pas la considération d'un autre raisonnement que le sien. En outre, l'absence de toute tendance à l'anxiété et à la culpabilité annule toute efficacité de la morale de sorte que le discours ¨moral¨ ne reçoit jamais d’écho. L’adulte est plutôt perçu comme un moraliste emmerdant dont l’enfant, maintenant plus âgé, aura vite réduit le temps du discours soporifique en feignant la compréhension et la reconnaissance de la justesse de ses propos.

Toute action corrective des problèmes de comportement arborés par un enfant roi se réduit donc à la mise en place d’une structure devant « forçer » son passage du stade de l’impulsivité, dans lequel il est enfoncé, au stade de l’autoprotection et ce, peu importe son âge chronologique. Comme il faut donc intervenir en fonction de l'âge affectif et non en fonction de l'âge chronologique, il devient facile ici de considérer la dimension dramatique que peut revêtir sa rééducation. C’est pourquoi l’impulsivité de l’enfant roi dominateur doit être littéralement brisée par l’impact sur sa personne des conséquences de ses propres comportements, seule possibilité qui saura paver la voie à son évolution vers les autres étapes requises par la maturation de sa personnalité.

Les parents qui identifient la présence d’une problématique d'enfant roi alors que leur progéniture n’est âgé que de 5 ou 6 ans doivent précéder au plus tôt à cette mise en place d'un cadre répressif de l'impulsivité. Il en va tout autrement cependant si leur enfant traverse actuellement la puberté; ils deviennent réduits pour ainsi dire à espérer que la vie se charge elle-même et au plus tôt de l’élimination de cette conduite organisée autour de l’impulsivité, la facilité et le plaisir. C’est d’ailleurs ce qui se produit dans la majorité des cas, quoique parfois aucune conséquence, si intense soit-elle, ne saura y parvenir tellement la rigidité de ce fonctionnement peut devenir absolue. Quand on pense que le placement en centre d'accueil et même l'incarcération ne possèdent peu ou pas d'impact sur cette structure de personnalité, on ne doit pas prendre à la légère le défi que pose la rééducation d'un enfant roi dominateur.

Je supporte actuellement un père dont le garçon âgé de 15 ans est le parfait exemple des difficultés qui attendent au détour les parents aux attitudes laxistes. Les interventions éducatives mais trop tardives des parents conduisent actuellement le père à des luttes physiques avec son enfant, situation rendue nécessaire semble-t-il pour maintenir l’obligation d’un respect minimal de la dynamique familiale et des règles de fonctionnement chez le jeune. De l'absence de tout cadre et de structure durant le développement, ce père est maintenant réduit à une action physique auprès d’un corps de 15 ans et c'est parfois réduit à un coup de poing en pleine figure qu'il tente de stopper l'agression physique de son fils sur sa personne. Cet enfant roi possède déjà un casier judiciaire bien garni en vertu de nombreux vols et recels; déjà bien connu des policiers, c’est parfois en arborant un large sourire qu’il entre à la maison à des heures indues avec son butin en main, bien encadré par les forces de l'ordre.
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