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Dossier : La dépression, ou le besoin d'être soi

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     Doublé parfois d’une recommandation pour une psychothérapie, le traitement se réduit cependant et le plus souvent à la médication, laquelle est pour ainsi dire « obligatoire ». Dans les faits, toute personne diagnostiquée dépressive doit en effet s’astreindre à une consommation d’antidépresseurs, sous peine de voir ses indemnités d’arrêt de travail refusées ou suspendues. Certains médecins, plus soucieux de leur professionnalisme, remettront ladite prescription à certains patients tout en soulignant leur obligation d’agir ainsi, mais que leur état ne requiert pas l’intervention de ces médicaments et qu’ils devraient plutôt suivre une psychothérapie.

     En outre, le temps de « guérison » pour chaque affection est standardisé. En conséquence, une personne souffrant de dépression doit normalement se rétablir dans un délai de trois mois avec ce qui lui a été ordonné. Autre exemple : le DSM n’accorde que deux semaines pour surmonter une rupture amoureuse, la perte d’un emploi ou une chute importante des actions en bourse. Une tristesse qui perdure au-delà de cette période devient un signe de dépression. Vous découvrez donc avec moi que la vie affective, particulièrement tout ce qui touche les contenus du ressenti et de la conscience, obéit à des lois purement mathématiques, essentiellement rationnelles, et que pour être considérés comme « normaux », nous disposons d’un temps précis pour guérir, par-delà lequel nous sommes malheureusement et forcément taxés de malades.

     La seconde difficulté de cette approche découle de l’automatisme étonnant avec lequel sont prescrits ces médicaments, ce qui amène à penser que la dépression est d’origine exclusivement endogène, assimilée à la maniaco-dépression, et qu’elle est toujours le résultat d’un déséquilibre affectant certains médiateurs chimiques dans le cerveau, nommément la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline, responsable de la sécrétion de l’adrénaline, l’hormone de l’agression.

     Pourtant, l’examen de l’historique de cette « maladie » indique qu’au cours des années 1940, elle fait l’objet d’aucune attention particulière; ses symptômes se confondant dans la plupart des maladies mentales, la médecine ne s’y intéresse pour ainsi dire pas. Comme suite au premier symposium consacré aux états dépressifs en France en 1954, la psychiatrie en distingue depuis trois types, particulièrement depuis la fin des années 1960. La dépression endogène, qui est une pathologie d’origine somatique et dont les mécanismes sont enracinés dans le biologique; en ce sens, une personne peut donc naître avec une propension à cette difficulté, d’autant plus s’il existe une histoire de cette affection dans sa lignée héréditaire. Tel que mentionné précédemment, elle est associée de près à la maniaco-dépression. Il y a ensuite la dépression névrotique, liée au désordre psychopathologique et dont les causes remontent à un développement qui aboutit à des problèmes de personnalité caractérisés par une perturbation affective dont le patient a une conscience pénible, mais qui n’altèrent pas ses fonctions mentales. Finalement, la dépression situationnelle qui, comme son nom l’indique, définit une réaction ponctuelle à un événement extérieur passager, mais générateur d’un bouleversement important entraînant un trouble temporaire de la conduite.

     Les dépressions névrotiques et situationnelles sont celles qui, à mon sens, nécessitent le moins la prise d’antidépresseurs. Qu’à cela ne tienne, peu importe le diagnostic, on serait en droit de s’attendre à ce que chacune d’elles bénéficie d’interventions thérapeutiques différentes, mais tel n’est pas le cas.
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