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La trilogie de l'angoisse

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     Lorsque j’ai rencontré cette patiente, elle assumait encore la pleine et entière responsabilité de son frère et de sa sœur, responsabilité dont l'intensité augmentait à chaque automne alors que ses parents quittaient pour les Îles du Sud. Jamais les appels téléphoniques hebdomadaires ne visaient à s’enquérir de son bien-être personnel, mais bien de ceux de son frère et de sa sœur. De plus, durant cette absence annuelle et récurrente de ses parents, c’était bien évidemment ma patiente qui avait reçu l’ordre de s’occuper de tout le contenu de leur courrier.

     Décrivant son père comme un ¨monsieur sévère¨, expression qui étale la froideur ainsi que la distance affective avec cette figure parentale, elle soulignera qu’elle a toujours agi de façon à se sentir aimée de lui. Ces données cliniques permettent de voir ici que ses relations de couple ont toujours été calquées sur ce modèle de la relation avec son père : des gens froids, inaccessibles et auprès de qui beaucoup d’efforts et d’abnégation étaient requis pour sentir une quelconque valeur à leurs yeux. Ce qu’elle subissait dans la relation avec son père se poursuivait donc dans ses relations de couple, en vertu d'une estime de soi détériorée et nourricière d'une tendance autopunitive.

     Une fois l’entente diagnostique réalisée, étape importante dans toute intervention clinique, c’est avec une détermination sans faille que madame, saturée de sa souffrance, amorce ses changements. Elle avise donc ses parents que le bien-être de son frère et de sa sœur n'est maintenant plus de son ressort, qu’elle a décidé de façon urgente de s’occuper de sa vie personnelle et qu’ils devront maintenant assumer leurs propres responsabilités. Elle affronte de la sorte la peur morbide de ne plus être aimée par son père et de devenir orpheline, ainsi que l’intense culpabilité liée à la crainte de blesser ceux qu'elle aime malgré tout. Madame prenait ainsi conscience que sa tendance à la culpabilité ainsi que son besoin infantile d'être aimée par son père la retenaient prisonnière depuis des décennies d'une dynamique toxique et qu'il s'agissait là de la source prédominante de son angoisse : elle étouffait sous le maintien de sa décision d'assumer une responsabilité qui ne lui appartenait pas et qui avait été dictée à la fois par sa tendance à la culpabilité ainsi que par ses besoins de reconnaissance et d'amour.

     Après 6 mois de cheminement intense, cette patiente avait recouvré sa liberté d'être et une joie de vivre à laquelle elle ne croyait plus. Tous ses problèmes de santé physique avaient disparu, notamment le psoriasis ainsi que ses irruptions cutanées; en outre, elle était parvenue à surmonter son hypoglycémie, stabilisant d’autant son humeur. Les pleurs étaient également disparus et elle évoluait maintenant en relation de couple avec un partenaire de qualité, relation à l’intérieur de laquelle elle avait recouvré son potentiel d'expression et d'affirmation de soi et ce, libéré de toute crainte de rejet ou de culpabilité. Finalement, elle ne consommait plus aucune médication.
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© Gilbert Richer. Tous droits réservés 2004 - 2012
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